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8 / Récit et histoire d'un Tambour


J’ai toujours parcouru les questions de spiritualité. J’ai toujours eu cet appel à comprendre et à trouver mon chemin sur ce questionnement. Je n’ai d’ailleurs jamais compris les approches dogmatiques en lien avec la spiritualité car, selon moi, notre objectif est d’être bien dans son incarnation et libre de son monde intérieur. Dans cette réflexion, j’ai toujours trouvé les mondes « païen » plus riches, plus personnalisés. C’est pourquoi, j’ai commencé à m’orienter, entre autres, autour des représentations chamaniques. L’appel de la nature, y trouver sa place, chercher une harmonie avec ce monde connecté. Voilà, l’orientation que j’ai choisie.


C’est naturellement, après des échanges avec une amie, que j’ai commencé une forme d’initiation. Attention, non pas pour devenir chaman, mais bien pour mieux comprendre ce monde. Et cette initiation fut vraiment bien construite… car son ambition était justement dans l’approche et l’explication de la mythologie des mondes chamaniques.


Dans n’importe quel chemin porté par ces mondes, la notion de rythme y est centrale. L’univers dans son ensemble est porté par des vibrations et l’accès, les voyages en sont rythmés par le son. Ce qui m’a attiré fut la percussion du Tambour. D’ailleurs, joueur de percussion depuis l’adolescence, cela fut explicite. Au début, j’ai commencé à organiser mes voyages avec un son de tambour sur YouTube. J’ai pu ainsi m’ouvrir et parcourir mon univers intérieur. Le voyage est un protocole qui ne doit pas être pris à la légère. Il doit garantir notre sécurité mentale, notre ancrage au réel nous permettant le lâcher prise. Mes voyages ont toujours commencé avec ce que j’appelle mon hub, ma maison d’enfance et son environnement. Ainsi, ce hub, me donna accès à ma maison (berceau de moi enfant), à un monde où rencontrer des esprits, des ancêtres et un monde d’en haut se référent pour moi à des univers subtils.

Attention, il s’agit là de mon monde. La notion d’ancêtre, de subtil peuvent tout autant référer à quelque chose d’existant que d’un monde symbolique intérieur. L’important étant de rester ancré dans un réel et de ne pas se perdre dans la mythologie. Bref, j’ai pu, au début de mes expériences partir à la rencontre de symboles illustrant mes forces, mes liens avec cette nature. Naturellement, et parce que j’ai toujours été attiré par cette force, mon premier compagnon de voyage fut le cheval avec des ailes. Tout comme le monde des rêves, il est magique de devenir un cheval avec des ailes. Sentir sa force, galoper avec, voler avec. La deuxième rencontre fut beaucoup plus inattendue et tellement éloigné d’un fantasme de totem. Un sanglier au détour du chemin est venu. Inattendu, mais tellement en lien avec moi. L’animal de la terre, de la forêt, protecteur de sa tribu. Le troisième fut un aigle, pour m’aider à voler et monter dans les mondes subtils. L’histoire de mon tambour commence lors d’un retour de déplacement entre Paris et Marseille. Je suis dans le train, me vient l’envie de voyager. Je branche donc mes écouteurs et mon son enregistré. Je ne sais pas pourquoi, mais il n’y avait pas d’intention particulière, juste l’envie de me laisser porter. Je m’installe et rentre dans mon hub, l’envie me vient d’aller prendre le chemin vers le monde des ancêtres. Il s’agit d’un chemin en contre-bas de ma maison. Je dois passer dans un passage sous des petits arbres pour accéder à des coteaux. C’est ici que des « esprits » viennent avec moi et avec qui je découvre des lieux, des scènes, des images. Cela est sûrement l’expression d’un subconscient, mais tellement poétique et intense. Je prends ce chemin et passe de l’autre côté. Le son est toujours présent, il est comme un marqueur qui me porte et qui en même temps me raccroche au réel. Très vite, je sens une présence, une image vient à moi. La représentation d’un petit cheval marron clair qui vient trépigner devant moi. Il semble impatient, il a envie de se dégourdir les jambes. Que veut-il ? Son message vient très clairement « il est temps de faire ton tambour, j’ai envie de galoper »... De retour dans le train, tout devient clair, je comprends que je dois me lancer dans ce projet. Je pars donc à la recherche de quelqu’un pour m’accompagner sur sa conception car je ne conçois pas acheter un tambour tel un objet sur un étalage. Je dois le construire de mes propres mains. Lui et moi ne devons faire qu'un.

Exit également les stages collectifs, je veux vivre cette expérience pleinement. On me donne donc le contact d’Alex sur Lyon qui fait des Tambours. Je l’appelle et nous convenons de ma venue pour faire/réaliser le tambour. Le processus durera deux jours. Je me prépare avant la date échéance tel un sportif qui se prépare pour une grande compétition. Ce processus n'est pas un événement anodin, je veux être en pleine conscience, en totale présence pour tout ce que je m'apprête à entreprendre mais à une différence, près, je n'ai aucune appréhension, juste l’envie de vivre pleinement cette aventure. La veille du départ, je fais un rêve assez bouleversant. Suite à mon expérience du train, au son du tambour, j'étais persuadé que mon tambour serait un petit cheval marron...Dans mon rêve, il y a une rivière qui coule dans un petit canyon. Deux chevaux sont d'ailleurs là, un marron et l’autre blanc, ils traversent cette rivière. A ce moment-là, un buffle vient se planter devant mes yeux, ses deux pattes avant font trembler le sol pour qu’on y prête attention. Il me fait face et me dit :

« Ce sera moi, parce que je vais te porter de la force et de la stabilité. C’est ce dont tu as besoin. »


Je me réveille avec ce message et cette image à faire trembler le sol. Je pars donc à Lyon. Un tambour est un objet sacré, il est important d’y attacher un protocole, un symbole pour garantir son objet et son usage. Il doit aussi être respectueux de l’animal qui fournit sa peau. Le protocole se construit donc autour de plusieurs étapes. La première est de demander la permission au monde des esprits, à la Terre mère, la deuxième le choix de la peau, l’incorporation de l’animal à soi, la troisième consiste à la fabrication. On termine le processus par la restitution de l’esprit de l’animal au tambour, son premier son et sa sacralisation. Alex m’explique tout cela et nous mettons en place le premier rituel pour demander la permission aux esprits. Vient ensuite la deuxième étape. Il s’agit d’un choix de peau à l’aveugle. Il est important dans ce processus de ne pas être perturbé par l’esthétique et de laisser parler ses ressentis et émotions. Je me retrouve donc aveugle à toucher une quinzaine de peaux différentes. Au fur et à mesure, j’en élimine jusqu’au moment où seules deux peaux restent. Je m’en souviens, l’une lisse et l’autre poilue. Je touche, je ressens et mon cœur m’amène sur celle avec des poils. J’entends Alex rigoler doucement. Effectivement, je lui avais parlé de mon lien avec les chevaux, du petit cheval marron, mais pas du rêve. J’enlève le bandeau et regarde cette peau noire et velue. C’est une peau de buffle. Les deux dernières peaux étaient du buffle. J’avais écarté de façon significative les peaux de cheval et le reste.

C’était donc lui… l’animal est bel et bien venu à moi. Je l’ai accepté en tant que tel et j’ai su qu’à partir de ce moment-là, il serait le garant de l’ancrage et de la force dans mes voyages.



Facebook : Ayanka Chamanisme et fabrication de tambour chamanique





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